2021 : des récoltes très contrastées et des prix à la production en forte hausse (+ 7,5 %) sous l’effet d’une demande dynamique
Tout en étant la moins chaude depuis 2014, l’année 2021 dépasse de 0,4 °C les normales de saison, l’hiver et le début de l’automne ayant été doux, compensant un printemps et un été moins chauds. Les précipitations sont abondantes, notamment durant l’hiver et l’été. Ces conditions météorologiques sont favorables à la production d’herbe et de maïs mais le gel d’avril est destructeur pour la vigne et les fruits tandis que les fortes pluies de juin et juillet dégradent le potentiel de rendement des blés et des orges.
En 2021, les récoltes céréalières sont en net rebond en France par rapport à la faible moisson de 2020. La production atteindrait 67,6 Mt, après 57,5 Mt en 2020 et 62,8 Mt en moyenne entre 2016 et 2020. Suite aux aléas climatiques en fin de cycle, la qualité des grains est cependant hétérogène et nécessite parfois un travail de séchage et d’allotement de la part des organismes stockeurs. En dépit de récoltes mondiales (hors blé dur) abondantes, surtout en maïs, les prix, déjà sous tension depuis la fin 2020, atteignent des niveaux inédits depuis 2012. Sur les dix premiers mois de 2021, ils dépassent de 26,5 % les niveaux de 2020, sous l’effet d’une demande chinoise toujours très ferme et des récoltes limitées chez trois des principaux exportateurs mondiaux de blé et d’orges (Russie, Canada et États-Unis).
Malgré le recul des surfaces, les récoltes d’oléagineux rebondissent en France (6,8 Mt) sous l’effet de la hausse des rendements, en particulier des cultures récoltées à l’automne. La production de tournesol est ainsi la plus importante historiquement alors que celle de colza stagne avec des surfaces en baisse. Les disponibilités mondiales en graines sont en hausse, mais la récolte de colza est la plus faible depuis 2012, et la demande est forte en huiles végétales et en tourteaux dans un contexte de reconstitution du cheptel porcin chinois et de marché des bio-carburants dynamisé par le
renchérissement de l’énergie. Sur les dix premiers mois de 2021, les prix des oléagineux sont ainsi supérieurs de 42,8 % à ceux de 2020. La récolte de betteraves s’accroît sous l’effet de la hausse des rendements. La baisse de la production et la reprise de la demande dans l’industrie de transformation tirent les prix de la pomme de terre vers le haut.
Sous l’effet du gel survenu en avril 2021 en France et dans les autres principaux pays producteurs de l’Union européenne, les récoltes de fruits, notamment d’été, enregistrent des baisses historiques. La production de pommes serait la moins touchée (- 9,9 % sur un an) mais fait suite à une faible récolte en 2020. Les prix à la production des fruits dépassent de 17,8 % ceux, déjà élevés, de 2020, atteignant des niveaux inédits depuis au moins dix ans.
Les récoltes de légumes d’été sont en hausse sur un an (hormis courgettes) tandis que celles de légumes d’hiver diminuent (sauf carottes). Sur les dix premiers mois de 2021, les prix sont en retrait (- 1,1 % sur un an) par rapport à des prix 2020 élevés, tout en dépassant ceux de 2019 (+ 7,2 %).
Au 1er novembre 2021, la récolte viticole française, fortement touchée par le gel début avril et par une forte intensité des maladies (mildiou, oïdium), s’établirait à près de 36 Mhl, en forte baisse par rapport à celle de 2020 (- 23 %) et à la moyenne 2016- 2020 (- 18 %). Elle se confirme historiquement basse, inférieure à celles de 1991 et 2017, affectées elles aussi par un gel sévère au printemps. Dans un contexte international plus favorable depuis le printemps 2021, les exportations de vins français, hors spiritueux, repartent à la hausse sur la campagne 2020-21. Depuis mai 2021, les prix des vins se redressent sur un an, conséquence des meilleures perspectives économiques et des faibles récoltes dans l’UE en 2021. Sur les dix premiers mois de 2021, les prix des vins d’appellation augmentent sur un an (+ 4,2 %), se rapprochant des niveaux de 2019 (- 0,3 %). Les prix des autres vins sont stables, tout en s’établissant au-dessus de ceux de 2019 (+ 1,9 %).
Sur les neuf premiers mois de 2021, les productions animales sont en léger retrait en têtes par rapport à celles de 2020 ; les tonnages se maintiennent toutefois en poids pour les bovins tandis qu’ils augmentent pour les ovins. Parmi les produits des animaux, les volumes de lait baissent tandis que la production d’œufs de consommation s’accroît. Cette dernière est portée par le dynamisme des élevages alternatifs à la cage (plein air, biologique et sol). La consommation globale (hors et à domicile) de viande porcine et de volaille est quasiment stable alors que celle de viande bovine et ovine baisse. La consommation à domicile retrouve un profil plus habituel tandis que la reprise de l’activité dans la restauration hors foyer relance la plupart des importations. Après la crise sanitaire qui a pesé sur la plupart des prix, hormis ceux des ovins, les prix à la production de l’ensemble des animaux font plus que rebondir en 2021 : sur les dix premiers mois de 2021, ils dépassent de 3,4 % les niveaux de 2020 et de 2,5 % ceux de 2019, sous l’effet d’une offre limitée et d’une demande française et européenne au rendez-vous. Les prix des porcins sont cependant en recul, suite au ralentissement de la demande chinoise depuis l’été et à l’encombrement du marché européen. Ceux des ovins s’établissent au plus haut depuis au moins dix ans. Les prix des produits animaux (lait, œufs) rebondissent au 2d semestre 2021 sur des marchés dynamisés par la forte demande chinoise de produits laitiers et les besoins de la restauration hors domicile en œufs. Toutefois, les éleveurs font face à la hausse du coût des intrants.
Sous tension depuis l’automne 2020, les prix d’achat des intrants utilisés par les agriculteurs (Ipampa) augmentent de 8,2 % sur les dix premiers mois de 2021, poussés par la hausse du prix des aliments pour animaux (+ 10,6 %), de l’énergie (+ 16,7 %), et des engrais (+ 21,7 %). Cette dernière reflète le net renchérissement du gaz et du transport, en forte hausse depuis la fin de l’été.
En 2021, les cours de l’ensemble des produits agricoles, mesurés par l’indice des prix des produits agricoles à la production, s’accroissent de 7,5 % sur les dix premiers mois, après + 0,6 % en 2020. Déjà supérieurs à ceux de 2020 depuis le début de l’année, les prix accélèrent depuis mai 2021 sous l’effet du raffermissement des prix des fruits, du vin, de la plupart des animaux et du lait, à la suite de l’amélioration des perspectives économiques, et depuis la fin de l’été, de l’envolée des cours des céréales et des oléagineux.
Sur les neuf premiers mois de 2021, la production des industries agroalimentaires (hors tabac) repart à la hausse (+ 4,0 %), dépassant même son niveau de 2019, sous l’effet principalement du redressement des fabrications de boissons. La consommation alimentaire des ménages recule par rapport au niveau élevé de 2020 (- 2,4 % sur les six premiers mois de 2021), retrouvant des niveaux moyens. Les prix à la production augmentent de façon plus marquée (+ 1,5 % sur les neuf premiers mois) qu’en 2020 (+ 0,4 %). Sous l’effet de la reprise économique, le chiffre d’affaires des IAA retrouve la tendance à la hausse amorcée en 2016.
En 2021, l’excédent des échanges de produits agroalimentaires se consolide, après un solde 2020 fortement réduit par la crise sanitaire et les taxes américaines sur les achats de vins français. La hausse de l’excédent résulte en premier lieu de l’amélioration des échanges avec les pays tiers, et même exclusivement de ceux-ci, si l’on compare à la moyenne 2016-2020. L’excédent des produits transformés s’accroît sous l’effet de la croissance plus marquée des exportations que des importations. Les ventes de vins et spiritueux sont particulièrement dynamiques. En revanche, l’excédent des produits bruts diminue en raison d’une hausse des importations (oléagineux, fruits, produits de la pêche) et d’un recul des exportations (céréales).
Au moment de la rédaction de cet éditorial, les évolutions de prix et de coût des intrants ont été calculées sur dix mois, et non neuf comme dans les fiches. Ces évolutions pourraient être amplifiées sur les derniers mois de l’année.